LE CLAN DE LA CAVERNE DES OURS

35.000 ans avant notre иre, l’orpheline Ayla est recueillie par une autre tribu. Elle va faire la dure expйrience de la vie d’une femme au sein d’un clan nйandertalien dans lequel elle va essayer de s’intйgrer et s’affirmer malgrй ses yeux bleus et ses origines manifestement un peu plus avancйe…

Si Michael Chapman deviendra cйlиbre, ce n’est certainement pas grвce а ses rйalisations. En effet, le cinйaste n’a mis en scиne que quatre films trиs inйgaux et peu connus dont le plus ambitieux reste LE CLAN DE LA CAVERNE DES OURS. Par contre, en tant que directeur de la photographie, il a travaillй avec Martin Scorsese (TAXI DRIVER . RAGING BULL …), Philip Kaufman (L’INVASION DES PROFANATEURS . LES SEIGNEURS …) ou Ivan Reitman (GHOSTBUSTERS II …). Toutefois, sur LE CLAN DE LA CAVERNE DES OURS. il va dйlйguer ce travail а Jan De Bont qui n’est pas encore, а l’йpoque, le futur rйalisateur de SPEED mais le directeur de la photographie de nombreux films de Paul Verhoeven. Des noms connus, on en trouve d’autres au gйnйrique du film. Par exemple, c’est John Sayles qui s’est occupй de condenser le livre original dans les 98 minutes du mйtrage alors que Alan Silvestri compose une musique synthйtique aussi sobre que rйussie bien qu’il s’agisse d’un choix йtrange vu la pйriode oщ se dйroule l’histoire. Mйconnaissable, les acteurs sont maquillйs pour leur donner un look nйandertalien, ce qui camoufle quelque peu la prйsence de James Remar ou Pamela Reed. Toutefois, trois acteurs ont la chance de paraоtre sans maquillages puisque reprйsentant le chaоnon suivant de l’йvolution. On peut ainsi dйcouvrir une toute jeune Nicole Eggert incarnant l’hйroпne а l’вge de l’adolescence. Le personnage adulte est, par la suite, interprйtй par Daryl Hannah qui vient de connaоtre un joli succиs en jouant la sirиne de SPLASH . Enfin, anecdote amusante, l’ours du film jouera un peu plus tard l’un des rфles principaux de L’OURS de Jean-Jacques Annaud. rйalisateur de… LA GUERRE DU FEU .

Car LA GUERRE DU FEU fait pas mal d’ombre au CLAN DE LA CAVERNE DES OURS. Rйalisй quelques annйes auparavant avec un souci d’authenticitй, le film de Jean-Jacques Annaud va marquer une date dans la reprйsentation de l’homme prйhistorique а l’йcran. Pour sa promotion franзaise, les publicitaires n’hйsiteront d’ailleurs pas а placer sur l’affiche et dans la bande-annonce du CLAN DE LA CAVERNE DES OURS une accroche йloquente. «50 000 ans aprиs la guerre du feu ». Toutefois, le film de Michael Chapman a bien du mal а rivaliser avec les hommes des cavernes de Jean-Jacques Annaud en raison de quelques choix malvenus et d’une mise en scиne qui peine а donner un vйritable souffle а l’aventure ou encore une rйelle empathie pour ses personnages… A la base, LE CLAN DE LA CAVERNE DES OURS tire ses racines d’une sйrie de livres а succиs. En 1980, Jean M. Auel publie le premier tome des Enfants de la terre avec Le Clan de l’Ours des Cavernes qui deviendra immйdiatement un best-seller. L’histoire sera suivie de quatre autres volumes. La Vallйe des chevaux. Les Chasseurs de mammouths. Le Grand Voyage et Les Refuges de pierre. Les producteurs ont du y voir l’opportunitй d’adapter des livres qui avaient dйjа attirй un large public tout en suivant les traces de LA GUERRE DU FEU ayant fait le tour des salles de cinйma du monde entier. Nйanmoins, si l’approche historique de Jean M. Auel est trиs documentйe, elle est reconnue pour ses grandes connaissances de cette pйriode, il s’avиre que les livres adopte un style aventureux et а l’eau de rose. Le personnage d’Ayla passe d’aventures en aventures en tombant amoureuse et versant des larmes sur ses peines sentimentales. Ce qui passe bien а l’йcrit en se donnant le temps de dйvelopper un dйcor et des personnages tourne parfois au ridicule une fois transposй sur un йcran de cinйma. Par exemple, la rencontre de Ayla avec un homme de Neandertal subjuguй par sa beautй, lors d’une rencontre entre plusieurs tribus, est particuliиrement tartignole. LE CLAN DE LA CAVERNE DES OURS a bien du mal а concilier son traitement historico-anthropologique avec son versant cul-cul la praline. A priori orientй vers un large public, on sera parfois surpris par certains aspects du film comme la soumission sexuelle et forcйe de l’hйroпne auprиs de l’un des membres de la tribu (celui-ci la prend en levrette sans mйnagement et а loisir) ou bien par certaines images plutфt violentes comme une dйcapitation exйcutйe par un ours. Enfin, il est choisi de donner un langage propre а la tribu nйandertalienne composй de mots et de gestes. Preuve que le film se plante un peu, des sous-titrages sont ajoutйs pour une bonne comprйhension de ce qui se dйroule а l’йcran contrairement а LA GUERRE DU FEU qui rйussissait а narrer son histoire sans les besoins d’une traduction. Une voix-off vient encore plus alourdir le dйroulement du film.

Si le film pourra paraоtre d’une grande naпvetй, il dйveloppe une approche curieuse de la prйhistoire. Son personnage principal est ainsi une jeune femme affirmйe qui entend bien faire valoir ses droits. Une sorte de suffragette en peau de bкte qui se heurte а des esprits forcйment rйtrogrades. Son statut de «cro-magnon», donc d’espиce plus йvoluйe, face aux hommes de Neandertal marque de cette faзon d’йvidentes mйtaphores. La femme doit s’йmanciper et sortir du giron masculin pour se montrer йvoluer. Les autres femmes de la tribu sont alors montrйes craintives mais aussi admiratives de celle qui ose se rebeller contre l’ordre йtabli. Deuxiиme point, les hommes sont surtout de grands enfants attardйs usant de leur pouvoir bien йtabli. Il est donc temps d’йvoluer, semble nous dire le film, de faзon а imposer une sociйtй йgalitaire. A l’йvidence, Jean M. Auel a donnй а allant trиs fйministe а son personnage. En 2008, on suppose qu’il y a encore du chemin а faire dans la tкte de beaucoup mais, а notre niveau, nous avons un peu l’impression que le discours semble quelque peu passйiste. En tout cas, cette facette du CLAN DE LA CAVERNE DES OURS fait partie de ses qualitйs tout comme, ce qui est paradoxal, le cфtй sincиre de l’entreprise menйe par Michael Chapman malgrй sa rйalisation trop rigide. La jolie musique du film illustre ainsi parfois de trиs simplistes images dont la beautй naоt en grande partie des dйcors naturels ou bien de la naпvetй des situations souvent aidйe par la candeur de Daryl Hannah. LE CLAN DE LA CAVERNE DES OURS n’aura pas le mкme destin que les livres de son auteur et un second film, prйvu а la base, ne sera finalement jamais tournй laissant le spectateur sur un йpilogue ouvert а l’issue du mйtrage.

Paru en 1999, le DVD amйricain n’a jamais connu de rййdition. Plutфt basique, le disque ne propose absolument aucun supplйment d’aucune sorte. Nйanmoins, cela pourrait кtre pire puisque des sous-titrages sont proposйs en anglais et en franзais. Dans ce dernier cas, les sous-titres franзais viennent traduire les sous-titres anglais du film lors des passages oщ sont traduits les dialogues а base de mots et gestes inventйs pour la communication nйandertalienne. Pas forcйment heureux, on se retrouve donc avec deux sous-titrages qui empiиtent sur l’image (l’un placй directement dans le film et l’autre via le DVD). Pour sonoriser cela, une seule piste sonore est proposйe avec une version «anglaise» en stйrйo surround. Trиs honnкte, ce mixage ne fait pas pour autant des miracles surtout que l’on est de plus en plus habituй aux prouesses des pistes sonores actuelles.

Le disque dispose de deux faces. Et il est prйfйrable de ne pas se tromper puisque sur la face A, le film est proposй en Pan & Scan rйduisant а coup de massue le cadrage d’origine. L’ampleur de l’image, on l’a retrouve sur la face B qui affiche un transfert 16/9 au format cinйma. Et, malheureusement, ce transfert un peu vieillot accuse son вge avec une copie instable avec une lйgиre tremblote permanente et l’apparition de tвches et autres points blanc sur toute la longueur. En prime, du bruit vidйo s'invite а l'йcran ce qui n'est pas franchement sympathique. Enfin, le piquй et le contraste ne sont pas non plus optimum mais cela reste tout de mкme regardable surtout en partant du principe qu’il n’y a toujours pas, pour l’instant, de meilleure source disponible.