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«15 jours ailleurs», voyage en terres d’asiles

Par Eric Favereau — 8 octobre 2013 à 20:06

C'est quand il bascule dans le style documentaire, précis et fin, que le film devient intéressant. Il raconte la vie des malades dans un hôpital psychiatrique de notre belle France en 2013.

Au départ c’est présenté comme une fiction sur le «burn out», vous savez, ce «drame psychologique» qui raconte l’histoire moderne de l’arroseur arrosé, à savoir celle d’un cadre dans une entreprise où il fait bon exploiter ses collaborateurs mais, à la fin, notre cadre, acculé par une pression trop forte, craque. Il va disjoncter en pleine réunion de travail. Cogner sa tête contre une table, hurler, injurier, et cela se termine par une hospitalisation sous contrainte dans un hôpital psychiatrique. Bref, un beau «sujet de société», et d’ailleurs, à l’issue de la diffusion de 15 jours ailleurs, il y aura un débat.

Pourtant, c’est après ce pétage de plombs que le film devient intéressant. Il bascule dans le style documentaire, précis et fin. Il raconte la vie des malades dans un hôpital psychiatrique de notre belle France en 2013. Qui le sait. Dans les hôpitaux de psychiatrie, la situation est souvent médiocre. Exemple. alors qu’il y a vingt ans tous les services étaient ouverts, sans chambre d’isolement, c’est aujourd’hui de nouveau un univers enfermé, replié, sans chaleur ni regard extérieur. Vincent (notre cadre, que joue avec beaucoup de justesse Didier Bourdon) se retrouve là, ahuri et mélancolique. Il découvre ce monde à part, ce personnel aux qualités hésitantes. Il voit ces grilles, cette cour où l’on tourne en rond. Il ressent le poids des médicaments. Il note ces psychiatres absents. Pointe ces procédures à suivre comme avec ce juge des libertés qui vient pour valider ou non les hospitalisations sans consentement. Tout cela est juste.

Et puis, il y a ses voisins de chambre. Comme lui, ils s’ennuient à mourir. Des malades qui, bien que complètement noyés dans leur maladie, s’entraident. Vincent va ainsi rencontrer Hélène, une jolie jeune fille hospitalisée pour des raisons complexes. Hélène veut à tout prix qu’on la laisse sortir pour aller voir son fils, Lucas, dont on lui a retiré la garde. Elle est pleine de vie, pleine de délires aussi. Vincent et Hélène se fuient, s’épaulent. Elle insiste. Est-elle folle. Vincent l’aide, mais se rend compte que la folie d’Hélène n’est pas une chose si simple. Retour à l’HP, sauf que maintenant on sait que les hôpitaux psychiatriques ne sont pas que des lieux de soins. Et que le «burn out» pourrait concerner aussi le personnel qui y travaille. Mais ça, ce serait un autre film.

15 jours ailleurs. fiction de Didier Bivel, France 2, ce soir, à 20 h 45.